2ème partie du voyage : Sur les pas du cheval d'Orgueil et de Pierre Jakez Hélias...

La roulotte entame la 2ème partie du voyage au départ du Manoir de Kerhoas où la scène de mariage du cheval d'Orgueil de Claude Chabrol a été tournée.
La forte médiatisation du projet permet au "Sabot et la plume" de recueillir des lettres aux couleurs locales dans l'esprit de la roulotte, et d'être partout accueillie avec un enthousiasme général.

Quidam se repose et sa demi-soeur Quénecan a pris le relais.
Cette 2ème partie s'inspire de l'esprit bohême et combine randonnées, découvertes du patrimoine culturel et naturel, et embrasse d'un seul regard la terre et la mer...
Pour le départ, se trouvent à bord de la roulotte, Clémence, Joey jeune comédien et grand défenseur des belles lettres invité par le "Sabot et la plume", Nicole et Rémy, 2 randonneurs et membres de l'association, et Yvonne, que nous avons eu la chance de rencontrer au cours de la fête des vieux métiers.
Nous lui proposons d'être notre guide...


Arrêt pique-nique..

Arrivée à l'église Saint-Nonna, Penmarc'h, témoignage intact de la richesse des armateurs. A ne pas manquer : les nombreuses caravelles sculptées en bas-relief.

Soirée et nuit au camping du Grand bleu.
Situation idéale pour les amoureux de la mer... L'accueil est à la hauteur de l'esprit du camping : familial et chaleureux. Quelques mètres nous séparent de la plage qui s'étire à perte de vue jusqu'au phare d'Eckmühl.
La nuit, un ballet d'ombres et de lumières glisse à la surface de l'eau...

Jour 7 : Penmarc'h/Penhors.

Pennmarc'h : "tête de cheval" en breton.
Le phare attire une foule toujours nombreuse. Point de départ vers la "route du vent solaire" et les tables de lecture situées à des points stratégiques du pays bigouden.
Méconnue, cette surprenante balade touche parfois le GR34 et mérite une attention particulière tant elle conjugue l'harmonie des paysages avec des édifices jalonnés sur un parcours de plus de 50 kilomètres. Un vérible jeu de pistes démarre et aiguise la curiosité de tous.
6 jours peuvent être consacrés, à pied, à parcourir cet itinéraire et à s'arrêter en chemin dans des gîtes, des hôtels ou des campings sans que l'oeil ne se lasse jamais d'une nature érigée en spectacle permanent.


La Torche balayée par le vent.

Tronën.
Plus vieux calvaire de Bretagne. La lecture des personnages sculptés sur la pierre enseigne sur une époque où le catéchisme se pratiquait à l'extérieur.
L'appui d'un guide s'avère judicieux pour percer les regards et les nombreux messages.


Nuit devant la chapelle Notre-Dame de Penhors, haut lieu de la piété bretonne. La roulotte plonge dans le jour déclinant enveloppée du chant des vagues.

Jour 8 : Penhors-Pouldreuzic-Landudec.
Journée placée en l'honneur des hommes
Au départ de Penhors nous quittons l'écume déferlante et la tièdeur du climat et marchons vers Per Jakez, embrassant d'un regard ému les pages qui se tournent et réveillent la mémoire...
Non ! Nul d'entre nous ne parle breton, mais... nous commençons à former des bribes de mots sur nos lèvres...
Nous avons sorti nos plus beaux habits, mains gantées pour Némo, crinière brossée et volant au vent pour Quénécan...
Nous ignorons ce qui nous attend, mais attendons cet instant avec une impatience d'enfant.
Après avoir marché pendant huit jours, parcouru plus de 100 kilomètres en foulant les pas du cheval d'orgueil... c'est plein d'humilité que nous entrons à Pouldreuzic...
A notre arrivée, tout le monde est là, Marguerite Ansquer, conservatrice du musée, Madame Gourlaouen, maire de Pouldreuzic, et, surprise de taille, la cousine germaine de Per Jakez.
Autour du berceau d'un géant breton, les mots tremblent un peu devant tant de souvenirs reconstitués comme un puzzle, et dont, tous, nous sentons l'émotion. La cheminée invite à parler, à conter ce temps qui n'est pas si loin et semble pourtant s'éloigner de nous inexorablement.

Musée Pierre Jakez Hélias. Généalogie de sa famille.
















A l'arrière de la maison natale, une visite de la roulotte s'improvise, et madame Gourlaouen remet une lettre à la malle ainsi que deux bulletins municipaux concernant PJ Hélias.
Ensuite, la roulotte quitte Pouldreuzic en direction de Plozévet et le Menhir des droits de l'homme, malheureusement décapité par la tempête.


Après les joies d'un pique-nique champêtre, la visite de Monsieur Stourm, adjoint à la culture de Plozévet, nous offre un moment précieux sur les pas de Per Hélias, il nous remet plus d'un trésor : la photocopie du contrat de mariage d'Allain Hélias et de Catherine Gourret, grands-parents de l'auteur, deux photos prises de Per Jakez, dont une où son visage vieilli et peut-être fatigué pose aux côtés de la statue des sonneurs à Plozévet. Un dernier bonus glisse dans la malle : une lettre écrite de la main de monsieur Stourm. De tous les élus à avoir glissé une lettre, il est le premier à prendre sa plume ! Ainsi, la roulotte quitte le Menhir des droits de l'homme et poursuit sa route en direction de la ferme de Kerveillant où le père de Per Jakez a travaillé.
Un accueil chaleureux et de nombreuses surprises nous attendent. Nous visitons la grange, en ruine, où vécut le père de Per Jakez. Il faut gratter la pierre couverte par la mousse pour découvrir une date, posée là comme un souvenir de plus et qui ne s'efface pas...
Oh ! il ne reste rien bien sûr, sinon les mots qui résonnent dans la mémoire et s'inscrivent partout, indélébiles... Nous déambulons dans les allées, ivres de souvenirs, comme un parfum dont on ne se lasse pas...

Mais il faut déjà repartir, Quénécan montre des signes de fatigue et son corps sue à grosses gouttes, la distance à parcourir est encore longue avant d'atteindre le château de Guilguiffin... Pourtant, treize kilomètres plus loin, à peine les sabots frappent-ils l'allée bordée d'hortensias en fleur, que Quénecan hénit et presse le pas...
De beaux étalons lui réservent un accueil de star...

Le charme des lieux tout en rondeur et en générosité invite le visiteur à la rêverie... à penser le temps autrement, entre l'éclat des couleurs du jardin et la cheminée où le cheval trône partout.

Le dîner au château apporte des clefs précieuses sur Pierre Jakez Hélias où son grand'père occupa la fonction de valet. Monsieur Davy, propriétaire des lieux et féru de cheval, aborde avec complaisance les conversations qui le lient au géant breton, non sans exhumer du passé quelques confidences et voir naître à la lueur des flammes le souvenir d'un homme que nul n'oublie... Il semble présent, à guider les pèlerins que nous sommes vers des chemins hospitaliers...
Enfin, si le château de Guilguiffin témoigne d'un long héritage féminin, si l'empreinte de la femme se respire et captive le regard, il convient de saluer la ténacité et la générosité de Monsieur Davy, dont le travail quotidien permet aux jardins et au château de fleurir à chaque saison, bravant toutes les tempêtes et les vents les plus violents...
Ainsi s'achève la route du vent solaire et la journée en l'honneur des hommes, veilleurs des mers dangereuses, poètes à leurs heures, et capables de tracer des sillons dans la terre pour voir éclore le renouveau...


http://www.chateau-guilguiffin.com/

Jour 8 : Landudec/Quimper.

La pluie tombe drue, et la roulotte se dirige vers Quimper...
Un sentiment de trop peu nous gagne, l'envie de prolonger ces instants de rencontre, de partage, de confidences sur le thème de la Cornouaille. Sujet inépuisable et dont nous avons simplement frôlé la richesse culturelle malgré tout...
A notre arrivée au domaine de Lanniron, la pluie cesse, les nuages s'écartent et laissent filtrer quelques timides rayons de soleil... Nous avons choisi cette étape, ancienne résidence des évêques de Quimper et lieu d'inspiration pour ses jardins en terrasses, pour son cadre et la richesse de son histoire.

Jour 10 : Arrivée à Quimper : Ouverture de la malle aux trésors !
Une humeur joyeuse emplit le camping, les voitures d'époque défilent dans les allées et la mariée sourit à l'amour sous un ciel sans nuages, le cirque et ses fauves s'installent plus loin, les ânes paradent devant Quénecan, qui, rieuse, se prend à galoper... Pendant ce temps, les enfants s'animent et dessinent de leurs jeunes mains quelques soleils et chevaux pour la malle aux trésors. Ainsi, débute cette matinée particulière... quand, à l'autre bout du continent, la Chine se prête à fêter les Jeux Olympiques.
Mais... à bien y regarder, la médaille d'or revient à Quénecan !


http://www.lanniron.com/

Après une visite originale des jardins, richement agrémentée des commentaires de Madame de Massol, propriétaire des lieux, nous quittons le domaine de Lanniron.
Nous abordons désormais les derniers kilomètres, les dernières lettres glissent avec émotion dans la malle, et le ciel, comme une ode au voyage, se teinte d'un bleu marin...
Nous gagnons la ville de Quimper en direction du roi Gradlon qui, chevauchant les siècles, domine la ville sur son cheval. La culture, la convivialité, les légendes, les musées sont autant d'invitations à y séjourner, à comprendre une ville, siège d'une très longue histoire où se mêle habilement les langues écrites et orales.

Pour la 2ème fois, nous ouvrons la malle aux trésors et découvrons avec le public les lettres, cartes, dessins, témoignages remis sur notre parcours par les maires, les enfants, les conversavateurs de musées, écrivains, et anonymes.

Une heure trente plus tard, les dernières lettres en français et en breton découvertes, la roulotte se prépare à quitter la librairie Ar Bed Keltiek et salue Gweltaz Ar Fur, compatriote émérite, figure bretonne connue de tous, et s'en va quelques mètres plus loin visiter le Musée départemental breton. Logé dans l'ancienne résidence des évêques, le musée surprend par la richesse de ses collections et notamment la magnifique collection de costumes bretons. Les salles se découvrent et emportent le visiteur vers des univers dont il ne soupçonnait pas l'existence, ou si peu... Les murs se parent de textes et de légendes, le mobilier exalte la créativité et le savoir-faire breton. Ce qui surprend le visiteur c'est non seulement la diversité et la richesse des collections mais surtout la scénographie du lieu... jamais ostentatoire, toujours de bon goût. A ne pas manquer !

Enfin, force est de terminer ce voyage malgré l'envie de poursuivre encore et encore, de se nourrir sans fin d'une recette dont le secret n'est pas encore connu... il convient donc de découvrir par soi-même, de pousser les portes des musées, de prendre ce qui est si généreusement mis en partage, et cela mérite le déplacement et... quelle que soit l'humeur de la météo !

Un départ et quelques pas de danse...

L'équipe du "Sabot et la plume", Nicole, Marie, Valérie, Rémy vous promet..

...ce n'est qu'un au revoir !

Textes : Clémence de Villecourt.
Photos : Marie et Rémy.